La droite pour tous

Je parle souvent de la situation politique française, le sécuritarisme, la montée de l’extrême droite, les néo-réacs et cetera. Ce que j’essaie de découvrir, c’est s’il existe finalement la possibilité d’une « droite de gouvernement » qui ne produit pas la même vieille merde (procès sommaires, génocides, et tout le reste).

Toutes les idées politiques, de manière plus ou moins explicite, souhaitent donner un sens à la vie : seuls les sceptiques se contentent d’une théorie réactionnaire de l’action sociale, l’ataraxie. Dans l’ensemble, toutefois, personne n’est prêt à vivre dans l’insignifiance.

Lorsque quelqu’un agit, il agit toujours dans la perspective d’un sens ultime : c’est le monde qui veille à un « recalibrage » des attentes. Il y a une force (je l’appelle maintenant « monde », mais appelez-la comme vous voulez, la divine providence, l’Histoire…) qui permet à ce que à un moment est relégué à le folklore d’émerger du chaos et de devenir loi.

Une fois qu’une idée se réalise dans un contexte spécifique, alors le monde intervient pour monder : autrement dit, pour éteindre les coutumes qui réduisent les chances de survie d’une société.

Dans la tradition occidentale, cette « écrémage » est plus compliquée, parce impose la tâche d’harmoniser les dimensions sociale et individuelle, afin que aucun des deux ne prévaut sur l’autre.

Par exemple, dans Les Suppliantes d’Eschyle le roi d’Argos persuade son peuple à défendre les filles de Danaos contre les Égyptiens qui les poursuivent, en utilisant des arguments qui dépassent la conception de la religion (la « piété populaire ») comme instrumentum regni.

Même le machiavélisme, qui prêche l’instrumentalisation de la religion pour garder le pouvoir, lui reconnaît la capacité de garantir la cohésion sociale et inhiber les conflits entre les citoyens : cette réserve de légitimité est toujours nécessaire.

Cela signifie que celui qui veut comprendre la mondanité, il doit adapter ses délibérations en fonction de la façon dont elle se manifeste : même ceux qui veut gouverner, il ne peut déduire des critères objectifs d’action basées uniquement sur les effets de ses délibérations, qui a priori restent toujours inconnaissable. Il s’agit là d’une condition essentielle pour ceux qui veut renouveler une tradition comme pour ceux qui veut la franchir.

L’un des problèmes de la pensée réactionnaire est de trouver un antidote à la brutalité politique et à le machiavélisme naïf. Joseph de Maistre, par exemple, identifie le jacobinisme avec le totalitarisme tout court, tandis que Julius Evola exclut Machiavelli des ancêtres de la droite, parce qu’à son avis on ne peut « définir comme droit simplement la manière forte, […] une puissance informe, dépourvue d’une chrisme et d’une légitimation supérieure » (Ricognizioni. Uomini e problemi, Mediterranee, Roma, 1974, pp. 227-228).

Depuis l’après-guerre le problème s’est envenimé, notamment à cause de l’alibi de l’anticommunisme. Si à courte distance le nihilisme réactionnaire a servi à combattre l’hégémonie progressive, dans une perspective plus large le même état d’esprit risque de se transformer en indifférence à l’égard de la vérité et de le bien commun.

Comme l’a reconnu le politologue américain (mais catholique) Robert Novak en 1990, dans un discours au Notre Dame Club de Chicago, « avec le communisme a été vaincu en même temps une génération de pessimistes-conservateurs, moi y compris, qui se sont engagés à combattre un conflit planétaire pas parce qu’ils souhaitaient gagner, mais pour affirmer une principe, même s’il est destiné à la défaite ».

Cette mentalité a animé l’ensemble des anti-communistes occidentaux, de Karl Jaspers à Eric Voegelin, de Emil Cioran au même Julius Evola, et ensuite Gómez Dávila… une overdose de « mauvaise joie » en observant le défaillances du socialisme réel.

Il semble aujourd’hui que la droit, en profitant des différentes « crises », se présente comme une opposition ontologique à tout ce qui existe. C’est un mélange de anti-intellectualisme, culpabilité et, comme je l’ai dit, « mauvaise joie ».

Afin d’éviter une autre régression, il faut surmonter l’amoralité, le nihilisme et l’irrationalisme. Une droit dans ce monde, mais pas de ce monde, pourquoi, pour parler franchement, si aujourd’hui un certain type de droite est autorisé à se manifester, cela signifie que quelqu’un veut l’utiliser pour forcer les peuples à appeler la merde « chocolat » (et l’exploitation « hiérarchie naturelle », la brutalité policière « rétablissement de l’ordre », le bellicisme « patriotisme », les aventures néocoloniales « défense de la civilisation », etc.).

Cela ne doit pas se produire encore une fois.

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