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Mon meilleur ami (Le chien de Jean-Edern Hallier)

[Mon rêve secret, c’est de devenir un historien de la télévision française. Comme l’écrit Houellebecq, « Moi je me définis, avant tout, comme téléspectateur ! »]

« [Jean-Edern Hallier] est vraiment en verve et fait crouler de rire sa cour de bas-Bretons marinés dans le chouchen en racontant son passage à Trente millions d’amis. Il s’est fait inviter dans cette émission consacrée aux animaux en prétendant qu’il a un chien, qu’il adore ce chien, qu’il a écrit tous ses livres avec ce chien couché à ses pieds. Ce n’est pas vrai, il n’a jamais eu de chien, mais il est prêt à tout pour passer à la télé, alors il s’en est fait prêter un. Il le tient sur ses genoux, le caresse, joue au gentil maître, mais le chien qui ne le connaît pas s’affole, et plus l’un s’attendrit en évoquant son fidèle compagnon à quatre pattes, plus l’autre gronde, se débat, se tortille pour s’échapper, pour finir le mord.»

(“[Jean-Edern Hallier] fa crepare dalle risate la sua corte di bretoni marinati nello Chouchen raccontando la sua partecipazione a Trenta milioni di amici. Per farsi invitare a quella trasmissione televisiva dedicata agli animali ha detto di avere un cane, di adorarlo, di aver scritto tutti i suoi libri con l’animale steso ai suoi piedi. Non è vero, Jean-Edern non ha mai avuto un cane, ma è disposto a tutto pur di comparire in tv, e così se n’è fatto prestare uno. Lo tiene sulle ginocchia, lo accarezza, recita la parte del padrone affettuoso, ma il cane, che non lo conosce, si agita, e più Jean-Edern si commuove parlando del suo fedele amico a quattro zampe, più l’altro ringhia, si dimena, si contorce cercando di liberarsi, e alla fine lo morde”)

(Emmanuel Carrère, Limonov, Paris, 2011 ; tr. it. Adelphi, Milano, 2012, p. 258)

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