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Pour une rediabolisation

Je dois admettre, je suis encore choquée par l’expérience in vitro d’Emmanuel Macron : ce « tri sur le volet » s’est manifesté avec toute sa force dans la fantasmagorique cérémonie pseudo-maçonnique au Louvre, plus évoquant qu’un film de Kubrick.

Les dernières élections ont contribué à la construction d’un nouveau monarque européiste, qui sur les notes de l’Hymne à la joie conduira le peuple (le même peuple qui a voté contre le traité établissant une constitution pour l’Europe) vers… l’Europe (oui, « Europe » c’est toujours le mot de passe).

Si du point de vue politique et économique les choses ne changent pas par rapport à l’ère Hollande (sinon en pire), sur le plan symbolique on observe une surenchère dangereuse entre les icones de l’extrême droite et de l’extrême finance, pour reprendre les termes de Jean-Luc Mélenchon. Nous ne voulons pas assister à une réédition d’un combat épique entre la France maurrassienne et la France rothschildienne, même si, avec du recul, une « rediabolisation » (sic !) du lepénisme paraît nécessaire.

Je m’explique : après coup, la dédiabolisation était une erreur, car elle a réduit les chances offertes par la « menace lepéniste » de faire pression sur les partis établis. Il semble en effet que les Français soient disposés à utiliser éternellement la famille Le Pen comme « bête noire », « épouvantail » (je ne sais pas comme le dire…).

Mais tout compte fait, a été surtout la dédiabolisation à l’origine de la création du monstre Macron. Reconnaissez-le : Chirac, seulement en qualité de choix cornélien, comparé au « Mozart de la finance » c’est une merveille. Et c’est parce que à cette époque personne n’avait pris au sérieux une victoire du vieux Jean-Marie. Aujourd’hui, cependant, la normalisation du Front National a affaibli sa puissance négative.

Je pense que cela pourrait être un point de départ : au fond, Marine Le Pen est très forte à « faire opposition ». Elle a échoué depuis qu’elle a arrêté de représenter l’impensable, mais ainsi on a manqué la possibilité de tenir sur des charbons ardents les affiliés au pacte républicain.

Maintenant l’indigeste Macron a carte blanche contre les « extrémismes opposés », et voilà la vraie menace ; rétrospectivement, c’était une bonne chose que Mélenchon n’ait pas proposé la grosse orgie « rouge-brun » (par ailleurs, ce choix serait passé pour un suicide politique). Mais au moins pour l’avenir il y a une possibilité pour une opposition répandue, protéiforme comme le personnage de Macron.

Et donc, c’est bon : rediabolisation pour tout le monde. Dans un excès rhétorique, je dirais que la société française ça va être l’enfer pour les travailleurs, et que par conséquent on aura besoin de diables plus que des anges. Mais non, ce n’est pas nécessaire de faire une scène : à la fin, il y a aussi des bons diables

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